Nous nous sommes entretenus avec Olivier Couilhen, quelques trois semaines avant le départ pour la Réunion. Il nous a décrit sa préparation et livré ses sentiments avant d’aller courir cette course qui est l’objectif partagé des coureurs de « Solidaires by Esprit Sports ».
Olivier quel est le menu de ta préparation depuis cet été ?
Actuellement, je suis sur des sorties longues en montagne. Nous en sommes sur la fin du cycle de ce gros volume de distances et de dénivelés.
Globalement, tout le mois de juillet, après l’Andorre, cela a été du repos, avec juste un peu d’entretien. Depuis août, cela va crescendo, avec des sorties longues et dans la semaine une séance de fractionné. Nous n’avons pas tous le même entraînement. Mais avec Laurent (Castagne), nous avons le même programme.
Dans la semaine donc, cette séance de fractionné en côte, tu fais trente secondes à fond dans une côte, tu redescends 30 secondes, 30 secondes à fond etc… 5 minutes de récupération, puis tu passes sur 45 secondes, puis une minute, puis deux minutes …
Quand tu arrives aux 2 minutes, sur une grosse côte, 12 ou 15 % et que tu te tapes dedans en faisant des sprints dans la pente… Moi je sais que je suis en sprint, mais toi, si tu es au bord de la piste, tu ne vas pas le savoir ! … Tu te dépouilles vraiment sur ce type d’atelier ! Ensuite, j’arrivais à courir une heure de plus. A l’arrivée, cela te fait une sortie avec aux alentours de 800 mètres de dénivelé, mais tu t’es bien tapé dedans !
Le week-end j’avais des sorties longues en montagne au programme, avec des 4 heures le samedi et 6 heures, 8 heures, je suis même allé jusqu’à 10 heures le dimanche.
L’objectif sur ces sorties c’est d’accumuler les dénivelés et les kilomètres. Entre 30 et 40 kilomètres. Quand j’arrive au bout de ces 40 kilomètres, je me dis, tu imagines, il en reste 120 à faire pour boucler la Diag ! Mais Jérôme me rassure. Sur le volume, cela devrait passer ! Mais comme dans mon métier, j’aime bien modéliser les choses jusqu’au bout … Et pour moi, le modèle est un peu trop loin de la réalisation finale pour que je sois totalement rassuré !
Je complète ces entraînements en montagne par du vélo. Tu as alors deux types de sorties, des sorties cardio et des sorties avec du changement de rythme. L’avantage du vélo, c’est que tu peux faire du volume sans que ça tape. Pour organiser ces séances, quand cela peut passer au niveau du timing, j’essaie d’en caler une sur le temps de midi-deux. Quand je n’ai pas le gars de midi moins trois qui vient me poser une question de vingt minutes dans mon bureau… ca passe !
J’ai vu aussi que tu venais de réaliser une sortie de nuit.
C’était ma dernière sortie, ce dimanche. Je ne sais pas si nous allons en faire une autre : ce sont les surprises des programmes que nous prépare Jérôme selon nos besoins et aussi nos possibilités. C’est la découverte du dimanche soir, quand nous recevons notre planning hebdomadaire. Cette sortie consistait à grimper le Pic du Rey, au-dessus de Louvie-Juzon en Vallée d’Ossau à trois reprises. Hormis 3 kilomètres de plat, c’est une belle grimpette sur un sentier que nous connaissons bien. Pour certains coureurs du groupe comme Jérôme par exemple, le Rey est devenu un vrai stade d’entraînement !
Nous nous sommes retrouvés avec Lolo pour cette sortie. C’est beaucoup plus sympa ! Tu peux t’encourager, c’est sécurisant aussi pour un trail de nuit.
Est-ce que cela ne peut pas engager à courir la Diagonale à deux par exemple ?
Non, pour moi, ce n’est pas une bonne idée. Si tu as un coup de mou pendant la course, c’est difficile de ne pas pénaliser l’autre en le faisant beaucoup ralentir ou pour toi de ne pas te cramer définitivement en voulant ne pas trop le freiner. Sur un 60 kilomètres, tu arrives à recaler tout ça, sur un 160 kilomètres je ne sais pas comment cela peut se passer. En tout cas, je n’y crois pas.
Ensuite, si tu n’es pas bien et que tu cours à deux, tu peux aussi prendre le risque de sombrer dans la spirale infernale de la démotivation. Sur l’Andorre par exemple, avec Lolo, il n’y en n’a pas eu un pour relever l’autre ! Je n’étais pas bien et lui non plus quand nous nous sommes retrouvés sur la base de vie. Nous étions même à la rue tous les deux, au fond de la gamelle ! Nous nous sommes finalement décidés à abandonner.
Mais c’est certain que courir à deux peut présenter tout de même des avantages. Par exemple, quand tu n’as pas d’assistance, cela permet de refaire des petits rappels pour l’hydratation, l’alimentation, le parcours… Cela permet aussi de rompre la monotonie quand tu commences à trouver long. En ce qui me concerne, j’arrive à discuter avec un peu tout le monde pendant un trail.
Cette préparation avec ces séances bien « épaisses » va un peu s’adoucir certainement à l’approche de la course ?
Je pense que là, nous commençons un peu à lever le pied. Par exemple, c’était le premier week-end où c’était plutôt soft. Certes c’était de nuit, mais cela ne faisant finalement qu’une sortie de 6 Heures, alors que les week-ends précédents, nous aurions eu 6 H, puis 4 heures à un autre moment. Je pense que Jérôme commence à diminuer un peu les doses …
Les séances pendant les deux semaines avant le départ présenteront certainement des contenus plutôt cool. Quand nous serons sur place, je pense que nous irons trottiner un peu pour évacuer les effets du voyage en avion.
Avec Jérôme et Laurent, nous arrivons l’avant-veille, Céline, Benji et Nico deux jours avant nous. Nous serons donc sur place le mardi, pour un départ le jeudi.
Où en es-tu au niveau de la logistique de la course ?
Nous avons des sacs à préparer que l’organisation amène sur des bases de vie. Comme nous n’avons pas d’assistance, il faut prévoir également une certaine autonomie. Ce sont des petits détails qui auront leur importance le jour de la course !
Dans quel état d’esprit te trouves-tu alors que la date du décollage pour la Réunion approche ?
Je ne peux pas cacher une petite déception qui est liée aux dates de la course. Elles sont très mal positionnées par rapport aux dates des vacances scolaires. A l’origine, nous aurions voulu venir en famille, mais il n’est pas possible que les filles quittent l’école et ma femme est enseignante … Donc, un peu frustré par rapport à ce qui aurait pu être un projet familial.
Je suis tout de même super heureux de finaliser notre projet avec les « Solidaires by Esprit Sports », de vivre de grands moments avec ces amis !
Du point de vue de la course en elle-même, ce n’est pas de la pression, mais c’est une … Comme je le disais, quand je suis sur une sortie longue à l’entraînement, que cela commence à tirer et que je me dis que pour la Diag il en resterait encore 100 de plus … Je réalise bien combien cela va être difficile ! Mais Jérôme nous a très bien préparés. Tout est calibré pour que ça passe. Je me dis que si je ne fais pas de connerie sur le rythme, l’alimentation, l’hydratation, ça va le faire !
J’ai une confiance aveugle en Jérôme, et il faut que je reste concentré, que je ne commette pas d’erreur grossière. Il ne faudra pas trop appuyer sur le rougail saucisse avant le départ !