Pour cette édition 2023 de l’Euskal Trail, les organisateurs avaient décidé d’ajouter une nouvelle épreuve au panel déjà large de courses au programme de cette manifestation qui devient un incontournable de la saison des trails au Pays Basque : l’Endurance Trail, une épreuve de 65 kilomètres pour 3 800 mètres de dénivelé positif. Comme la majorité des épreuves de l’Euskal, elle se court par équipe de 2.
Olivier Couilhen avait coché ce 65 Km sur le calendrier de sa saison, dans le cadre de sa préparation à la Diagonale des Fous.
Olivier, décris-nous les conditions dans lesquelles s’est déroulé cet Euskal.
C’était la première année que ce parcours de 65 km était au programme de l’Euskal. Cette distance correspondait à mon besoin de montée en puissance au niveau de la longueur des épreuves pour ma progression cette saison. J’avais rencontré mon binôme, Brice Milhoua, … lors des fêtes d’Orthez. C’est un mec sympa, ancien footballeur. Nous nous sommes très bien entendus. Son partenaire était blessé, le mien aussi, nous avons donc fait équipe.
Les conditions météo étaient quasiment parfaites pour la course, il ne faisait pas trop chaud. Le ciel était couvert, mais il n’y a pas eu de précipitation, contrairement à ce que nous pouvions craindre ! Le vent s’est un peu levé dans la seconde moitié de la course. Evidemment, avec un ciel plus dégagé nous aurions plus profité de belles vues.
Le tracé était superbe. Le terrain n’était pas détrempé.
Comment s’est déroulée ta course ?
Je suis un peu déçu, un peu frustré de ma course, même si globalement la performance n’est pas mauvaise. Nous terminons à la 51ième place sur 231 équipes classées. J’ai été victime d’un sévère coup de bambou au 40ième kilomètre, alors que, franchement, tout allait bien jusque-là.
C’est agaçant, parce que c’est un problème assez récurrent que je rencontre dans mes courses. Je ne sais pas si c’est un souci lors de mon dernier ravitaillement avant mon coup de pompe ou si c’est lié à mon alimentation depuis le départ de la course.
Je me suis bien alimenté sur l’avant dernier ravitaillement, j’ai avalé un gel sur la dernière descente et je me suis bien requinqué. C’est Brice qui donné le tempo, nous avons bien terminé. Je pense que nous avons gagné une dizaine de places. Le moral est bien revenu !
Mais ce coup de mou a laissé des traces. Tu ne remontes jamais tout à fait. Par exemple, je n’ai pas pu envoyer très fort dans les descentes. Je ne ressentais aucune douleur, mais je n’étais pas réactif. C’était comme si j’étais vidé de l’intérieur.
Après la course, j’avais très faim, j’ai avalé une salade piémontaise et des frites …
Même si ce format de 65 km était nouveau cette année, ce n’était pas la première fois que tu venais sur l’Euskal, c’est une manifestation que tu apprécies.
Oui, j’adore venir courir ici. C’est une organisation de très haut niveau. Les ravitaillements, l’ambiance, sont super. Il faut souligner le souci de l’hospitalité de tous ces bénévoles dont on sent bien la volonté d’aider le coureur pour que sa compétition se déroule du mieux possible.
La logistique des parkings est aussi très bien organisée. C’est très pratique pour ceux, comme moi, qui dorment sur place dans des vans ou dans leur véhicule. Le village de la course dans le centre du bourg est aussi très convivial. Tout le monde est tenté de boire une petite bière ou de manger un morceau avec des copains coureurs ou suiveurs.
Il faut aussi souligner que le balisage est de super niveau, surtout quand on prend en compte la multiplicité des formats de course et la compétition de nuit.
Ce que j’ai trouvé très sympa aussi, c’est de croiser d’autres courses. J’ai eu la chance de voir Baptiste Hagnere qui a remporté l’Euskal en duo avec Max Cazajous. C’était impressionnant de les voir « artiller » ainsi en tête de leur épreuve tout en donnant l’impression qu’ils étaient deux copains qui faisaient leur footing du dimanche tant ils semblaient à l’aise !
La course en duo est une des marques de fabrique de l’Euskal depuis sa création, comment cela s’est-il passé pour Brice et toi ?
Sur la première partie du parcours, c’est plutôt moi qui donnais le tempo, puis Brice a pris le relai sur la deuxième, à partir du moment où j’ai subi mon coup de mou. Nous nous sommes bien complétés. Ce qui peut être un peu difficile à gérer dans cette configuration de course, c’est quand le coup de pompe n’arrive pas au même moment chez les deux coureurs. C’est un équilibre à trouver : ne pas trop freiner ton copain quand tu es celui qui flanche un peu, mais ne pas trop « tirer » non plus, pour ne pas se mettre vraiment dans le rouge et définitivement. De même, celui qui donne l’allure doit prendre en compte la difficulté du compagnon mais sans trop perdre de temps non plus, en encourageant, en motivant.
Ce qui est intéressant aussi pendant la course, ce sont les discussions sur la stratégie à adopter. C’est le cas pour les ravitaillements : j’ai bien fait le plein sur l’avant dernier et nous avons quasiment sauté le dernier pour gagner du temps et des places à un moment où j’étais à nouveau bien. Evidemment, il y a toujours des discussions sur la régulation de l’allure à adopter, suivant l’état de chacun, le relief à venir, mais aussi en fonction des concurrents juste devant ou derrière toi. En ce qui me concerne, j’ai repéré une coureuse qui, lorsque nous participons à une même course, me sert un peu de repère. C’est une bonne coureuse originaire d’Arette, Charlotte Longis, lors des compétitions nous ne sommes jamais très loin, et je me suis rendu compte que lorsque je la dépassais … il fallait que je me méfie de ne pas m’enflammer …
En tout cas, j’ai vraiment aimé ce 65 de l’Euskal, c’est une course que je referai certainement.
Comment as-tu récupéré de ce trail ?
Finalement, ce mauvais moment pendant la course, que j’ai tout de même plutôt bien surmonté, parce que je termine assez bien, n’a pas hypothéqué ma récupération. Dès le lendemain, j’ai fait une heure de home traineur à allure très tranquille.
Ma préparation ne ciblait pas l’Euskal, je venais de réaliser de gros blocs de course en montagne les semaines précédant la course. J’étais donc un peu usé par ce gros volume de préparation, c’est normal que ça ait un peu « tapé » !
Je pense que ce volume dans les jambes a participé de mon coup de fatigue, mais je dois aussi envisager la globalité de mes activités hebdomadaires dans le cadre de ma préparation si je ne veux pas subir de grosses défaillances. Par exemple, ces dernières semaines, j’ai été amené à effectuer plusieurs déplacements professionnels dont certains à l’étranger qui ont également laissé des traces dans mon organisme.
Quelle est la suite de ton programme maintenant ?
Ces 65 kilomètres étaient une étape à valider avant l’ « Andorra 100 » qui constitue un objectif important sur la route de la « Diagonale ». L’Andorre, c’est le 27 juin. La semaine qui suit l’Euskal, j’ai un programme très cool, pour la suivante il y aura du vélo avec des sorties assez solides puis un gros bloc de montagne … Mais je suis vraiment satisfait de la préparation que Jérôme (Mirassou) me propose.
Pour en savoir plus sur les courses dont parle Olivier :
L’Andorra 100 by UTMB : https://andorra.utmb.world/fr/races/Ultra-105K
La Diagonale des Fous: https://www.grandraid-reunion.com/francais/les-4-courses/la-diagonale-des-fous/
L’Euskal Trail : http://www.euskalraid.com