Retour sur la Tontorez Tontor (De pic en pic) à St Pée sur Nivelle

Nous avons retrouvé Nicolas Craveiro après le premier rendez-vous de sa saison de trail à St Pée sur Nivelle à la mi-mars. Il avait souhaité débuter par les 80 kilomètres de la Tontorrez Tontor, une distance qui peut effrayer pas mal de coureurs en début de saison…

Nicolas comment s’est déroulé pour toi cette première course de l’année au Pays Basque ?

Je suis content de cette course. C’était un premier test pour moi, je n’avais pas remis un dossard depuis 6 mois au Tor des Géants. J’étais un peu en manque de repères. Ce dont j’avais la mesure avant le départ, c’est qu’au niveau de ma préparation, je n’avais pas encore beaucoup de volume en course à pied. Ces dernières semaines, j’ai profité de bonnes conditions météorologiques et de l’enneigement pour réaliser de grosses sorties en ski de randonnée. Je me suis beaucoup entraîné avec Baptiste Hagnere qui est une vraie bête en ski alpinisme et donc, forcément, je me suis senti très mauvais !

Cette activité est intéressante musculairement, avec les montées, les gros dénivelés et tu ne t’abimes pas les fibres musculaires. Par contre, cela ne te prépare pas pour les descentes qui, en trail, sollicitent beaucoup les articulations et les cuisses qui morflent pas mal.

Tu t’étais fixé des objectifs pour cette première compétition, ou tu partais un peu dans l’inconnu ?

J’étais conscient qu’il me manquerait un peu de distance. Mais je comptais rentrer dans les 20 premiers et terminer en moins de 12 heures.

En revanche, j’avais tout de même quelques références sur cette course à laquelle j’avais déjà participé l’an dernier, même si les organisateurs en avaient un peu modifié le parcours, notamment le début. Du coup, je termine en 11 H 24, ce qui est quasiment le même temps que l’an passé.

Je suis assez satisfait parce que je n’étais pas loin du 10ième au dernier ravitaillement. Mais j’ai un peu laissé filer quelques places lorsque j’ai senti venir une douleur au genou. Je n’ai pas voulu insister et aggraver cette douleur voire hypothéquer les prochaines semaines de préparation. Mais cette gêne ne m’a pas inquiété. Elle était assez prévisible : commencer la saison par un 80 kilomètres, alors que je n’ai pas assez de volume de préparation n’a pas été très apprécié par mes tendons qui se sont demandé ce qui leur arrivait !

Quelles ont été les conditions météos pendant la course ?

La météo, sans être catastrophique n’a pas été très bonne. Le matin, nous avons eu un peu de pluie et ensuite cette pluie s’est installée tout l’après-midi. Avec cette humidité, le parcours est devenu glissant, surtout quand nous avons rejoint la boucle du 40 km sur laquelle 500 coureurs étaient déjà passés … Cela ressemblait assez à une patinoire, ou à un terrain à sangliers par endroits !

La pratique du ski t’a avantagé !

Oui ! J’aime bien les passages techniques, les descentes, mais avec le terrain glissant, je ne suis pas à l’abri, non plus, d’une chute !

Nicolas, nous savons que tu aimes bien les montagnes basques. Est-ce que tu peux nous décrire ce parcours de 80 kilomètres ?

Le Tontorrez Tontor, ce sont donc 80 km, 5600 km de D+. C’est la montagne basque : de grosses montées, de grosses descentes, parfois bien raides. Des parties vallonnées, des secteurs cassants, ce sont vraiment les caractéristiques qui font que j’adore courir au Pays basque !

En plus, tu as la beauté des paysages. Quand tu arrives au sommet de la Rhune à la pointe du jour, que tu as cette vue sur la baie de St Jean de Luz, l’Océan, la chaîne des Pyrénées derrière toi, c’est quand même magnifique !

Un petit regret, sur le nouveau parcours, par rapport à l’an dernier, des petites parties de single ont été remplacées par des chemins de randonnée très fréquentés par le public. Moi, quitte à venir ici, je préfère courir sur ces sentes à pottocks !

Après la descente de la Rhune, c’est le Col d’Ibardin, avec le premier gros ravitaillement où j’ai retrouvé mon pote Ghislain, qui m’a accompagné toute la journée sur différents points de rendez-vous.

Avant Biriatou, il y a une belle montée, bien raide, toute droite dans la pente, qui ne m’a pas surpris parce que je m’en rappelais de l’année dernière … J’aime bien ce type de relief, j’aime bien y faire « péter » quelques coureurs aussi ! Ensuite, il y avait une assez longue portion de goudron. Et là, j’aime moins. J’ai la sensation de ramer un peu. Ensuite, c’est une succession de plusieurs cols parfois assez cassants.

Tu abordes la question des ravitaillements. Comme pour tous les coureurs, la logistique est un paramètre important à gérer sur ce type de course …

Avec un départ à 5 heures du matin, j’ai préféré arriver la veille au soir et dormir dans mon van à proximité de la ligne de départ. J’ai construit une routine, en suivant les conseils de Nicolas Boyer : je vais courir 10 minutes à jeun au lever, deux heures avant le départ, puis je prends mon petit déjeuner tranquillement. Mes affaires sont prêtes depuis la veille au soir.

Autant te dire qu’il n’y avait pas grand monde dans les rues de St Pée sur Nivelle à 3 heures du matin ! Mais ces habitudes me conviennent très bien. Et quand je vois le stress de ceux qui se lèvent et se préparent presque au dernier moment, je me dis que je me suis mis dans des conditions plus favorables.

En ce qui concerne mon assistance, Carole, ma compagne n’était pas là parce qu’elle travaillait. Dès qu’elle le peut, elle vient avec moi sur les compétitions. Sur cette course, elle n’a pu me rejoindre qu’à partir de 13 heures.

Ghislain, lui, est arrivé la veille au soir. Nous avons pu caler les points de rendez-vous pour les ravitaillements, les détails pour les contenus de ce qu’il aurait à me préparer. Le fait qu’il soit arrivé la veille, lui aussi, après son boulot, lui a permis de ne pas se lever à trois heures du matin. Il a dormi dans sa voiture. Il m’a retrouvé à 7 ou 8 reprises pour des ravitaillements. J’avais repéré sur la carte des sites qui soient aisément joignables en voiture. J’adore étudier le parcours avec la carte, repérer ces points de rendez-vous, et j’essaie de donner des estimations d’horaires de passage. Sur cette course, j’avais les repères de temps de la saison passée. Pour les accompagnateurs, c’est largement mieux de pouvoir retrouver les coureurs à plusieurs reprises, c’est moins ennuyeux que d’attendre des heures, parfois au mauvais temps sans savoir trop quoi faire.

En plus de la gestion des ravitaillements, Ghislain fait le lien avec Nicolas, mon coach. Il lui communique mes temps, mais aussi l’état dans lequel je me trouve … Il lui envoie de courtes vidéos qui lui permettent de voir comment je suis.

Un détail aussi : sur ces ravitaillements, j’aime bien avoir une chaise. Je me pose deux minutes, je trouve que cela me permet de bien récupérer.

Lors de ces ravitaillements, comment gères-tu ton alimentation et ton hydratation ?

Pour chaque ravitaillement, je prévois pour mon assistance les contenus que je vais récupérer : une fiole d’eau, une fiole de boisson isotonique, des barres, des compotes souvent sucrées. Sur les ravitaillements de l’organisation, je prends quelques aliments, le plus souvent du salé pour compléter et changer des aliments sucrés que j’ai dans mes rations. Là par exemple, j’ai pris des cacahuètes, des biscuits, parfois des morceaux de bananes. Ces ravitaillements de l’organisation étaient très bien approvisionnés.

Ce Tontorrez Tontor fait partie d’une grosse manifestation de trail, organisée par le club du Spuclasterka, sur l’ensemble du week end à Saint Pée sur Nivelle qui comporte plusieurs courses : un trail découverte : Ibar run trail de 11 km pour 460 M de D+, le Senpereko Trail, un semi-marathon de montagne avec 1050 m de D+, le Getorlekuen Itzulia de 42 km pour 2800 m de D+ ainsi qu’une randonnée de 16 km pour 800 m de D+. Cela demande un travail énorme au niveau de l’organisation et des bénévoles qui s’investissent dans la réussite de cette manifestation.

La course était super bien organisée, et ce, dès la remise des dossards. Il faut vraiment remercier tous ces bénévoles sans lesquels ce genre de manifestation ne pourrait pas avoir lieu. Je crois qu’ils ont accueilli et géré plus de 2000 coureurs sur l’ensemble des courses du week-end, ce n’est pas rien ! Quand j’arrive sur un ravitaillement, je prends toujours le temps de les saluer, de dire un petit mot sympa et de les remercier en repartant. Je respecte beaucoup l’investissement de toutes ces personnes. Il ne faut pas oublier qu’elles passent toute la journée dehors, parfois la nuit, pas toujours bien abrités. Et je ne parle pas de tout le boulot qui a été fait en amont, pour tracer les parcours, aménager l’accueil et celui qui sera réalisé à l’issue des courses.

Quelques jours après cette première compétition de l’année, comment te sens-tu physiquement ?

Dès le lendemain, j’ai repris le vélo pour une sortie un peu tranquille puis un footing. Je n’aime pas couper complètement après une telle course. Je préfère avoir une activité un peu cool et le vélo est très intéressant dans cet objectif. Nicolas est tout à fait d’accord avec ce fonctionnement. A l’origine, j’avais même prévu de rester sur place à Saint Pée et de faire le parcours du 40 km. Mais il a trouvé que pour ce début de saison, il ne fallait pas non plus trop tirer sur la corde. Il était préférable de ménager les tendons…

Je suis vraiment content de ma préparation de début de saison. Elle est validée au vu de ma course. Ces gros blocs de ski de rando, cet hiver, m’ont permis de me construire une bonne « caisse ». Et puis, la saison de course à pied est longue, je trouve que mentalement, c’est très bien de faire autre chose.

Je me sens en tout cas en progrès sur un point par rapport à la saison dernière : au lendemain du Tontorez Tontor, je m’étais déchiré un adducteur en montant sur mon vélo … J’ai bien retenu la leçon et dimanche quand j’ai pris mon vélo, je l’ai bien penché avant de monter sur la selle, comme un petit garçon débutant ! A cause de cette blessure, j’avais dû couper ma préparation pendant 3 semaines. Ce ne sera donc pas le cas cette année … sauf imprévu !

Cela veut dire que tu as déjà basculé sur la suite de ta saison et tes prochaines échéances …

Plusieurs coureurs de notre groupe « Solidaires by Esprit Sports » se sont alignés sur la Pyrénéa, le triathlon hivernal. Je l’ai déjà courue, mais ce n’est pas trop mon truc. Je n’aime pas beaucoup le goudron et même si j’utilise beaucoup le vélo pour mes entraînements croisés, grimper à Gourette ne m’enthousiasme pas énormément…

Mon prochain objectif en compétition, sera le 130 de l’Euskal, avec cet enchainement de deux jours de course en montagne par le GR10 pour revenir sur Gabas. C’est vraiment ce bloc que je vise. Et je suis presque impatient d’y être !

Pour m’y préparer, j’ai deux mois pour travailler, avec des grosses séances d’entraînement. Déjà autour des 25, 26 mars, je suis en off professionnellement, je vais en profiter pour faire du volume avec du dénivelé. Ce sera encore un peu tôt pour faire des très grosses journées en montagne, mais les séances seront découpées certainement sur le modèle de 4 H le matin, une coupure d’une heure, puis à nouveau 3 heures sur l’après midi.

Mes objectifs sur l’Euskal seront de réaliser une bonne performance comme l’an dernier où j’avais terminé 5ième. Le parcours a été un peu modifié, c’est aussi pour cela que j’y reviens. D’habitude, je n’aime pas trop refaire les mêmes courses.

Ce gros bloc incluant l’Euskal servira de préparation pour le début juillet et le 160 km du Val d’Aran.

Pour en savoir plus sur les courses dont parle Nicolas :

Le Tor des Géants : https://www.torxtrail.com/fr

Le Tontorrez Tontor : https://www.spuclasterka.fr/

L’Euskal Trail : http://www.euskalraid.com/

Le Val d’Aran by UTMB : https://valdaran.utmb.world/fr