Olivier a été le déclencheur du projet « Go Fight Win «2023 ». Il est à l’origine de la constitution du groupe de coureurs qu’il côtoyait déjà au sein de « Esprit Sports »et de la mise en réseau avec les autres intervenants qui ont rallié l’équipe des « Solidaires by Esprit Sports ».
Olivier, comment t’est venue l’idée de te lancer dans ce projet et d’amener des coureurs qui te côtoient tout au long de l’année à s’engager avec toi ?
L’idée de départ de ce défi, c’est vrai que j’en suis à l’origine. Comme tu le sais, je suis un peu hyperactif et j’aime bien faire les choses en grand … Cette idée elle a aussi germé dans un contexte personnel un peu particulier : cette année, j’ai perdu mon parrain d’un cancer, j’étais vraiment proche de lui. J’ai perdu ma mère au mois d’août, d’un cancer et nous avons l’oncle de ma femme qui est également parti, vaincu par la même maladie. C’était également une personne à laquelle nous étions très attachés. Ces évènements sont dans ma tête quand je cours et dans ma vie de tous les jours. A un moment, je me suis demandé, mon énergie, comment je pourrais la mettre à disposition pour réaliser tout un tas de projets, pour apporter aux autres, créer du lien et me sortir de ce ressenti de tristesse.
Au niveau de la course à pied, je me suis questionné sur comment faire pour construire une saison qui me permette de m’échapper de ces idées un peu « grises ». C’est à ce moment-là que j’ai étudié mon calendrier de courses, et en me penchant sur la question des dossards de la Diagonale des fous à la Réunion, j’ai été attiré par les dossards solidaires. J’ai vu le descriptif des associations partenaires du Grand Raid et c’est là, en fait, que j’ai eu l’idée de participer à la course par le biais de ces dossards solidaires pour aider une de ces associations. Sans savoir du tout ce que cela impactait pour la suite. Mais ce concept m’a vraiment plu.
Via internet, j’ai contacté un des responsables de l’organisation de la Diagonale, qui m’a donné les coordonnées de trois associations : « Les clowns de Lille » qui interviennent auprès des enfants dans les hôpitaux, l’association « Odyssea » qui participe à la lutte contre le cancer des femmes et « Imagine for Margo » dont les actions soutiennent la lutte contre les cancers pédiatriques. Je me suis informé sur cette dernière organisation, parce que j’ai deux filles qui ont l’âge des jeunes qu’accompagne cette dernière association dans leur lutte contre le cancer.
Ensuite, j’ai appelé Jérôme Mirassou. Chaque fois que j’ai une idée, un questionnement dans la tête je lui en parle parce qu’il est mon entraîneur et que nous faisons partie d’une structure. C’est comme ça que c’est parti. Nous nous sommes mis en route, avec Jérôme, en disant que ce serait bien de partir à plusieurs sur ce projet-là. Nous avons choisi de contacter tous les gens du groupe qui avaient positionné la Diagonale dans leur programme.
Cette course se déroule au mois d’octobre, c’est-à-dire vers la fin de l’année. Pour nous dès le début, nous avons eu l’idée de porter un défi qui se déroulerait tout au long de la saison.
C’est ainsi que « Go, Fight, Win » a été lancé : des évènements personnels, les dossards solidaires sur la Diagonale et avec Jérôme, nous avons embarqué le groupe dans l’aventure !… Cela n’a pas pris beaucoup de temps !
En quelques mots, peux-tu nous expliquer le choix du nom du défi ?
Oui, avoir fait ce choix de « Go, Fight, Win », n’est pas anodin. Ces trois mots, ce slogan, ont été retrouvés par ses parents dans le carnet de la petite Margaux alors qu’elle luttait contre son cancer. Ces personnes ont été à l’initiative de la création de l’association « Imagine for Margo » que nous allons soutenir tout au long de l’année avec le groupe des « Solidaires by Esprit Sports ».
Pour toi, la Diagonale, représente un objectif sportif auquel tu avais déjà pensé ?
Alors, … la Diagonale, c’est une course que je voulais faire un jour. Elle fait partie des grandes courses mythiques, mais dans ma progression, elle ne devait pas forcément être programmée cette année. Cependant, dans mon calendrier de vie familiale, avec la scolarité de mes filles notamment, cette saison était une opportunité. J’accompagne également des proches et il me sera difficile de consacrer autant de temps à des entraînements à partir d’un certain moment. La Réunion, ce sera aussi une aventure familiale.
Mais cet ultra ne sera pas la seule finalité de ma saison parce que j’ai aussi d’autres très belles courses dans mon programme. Par exemple, le 100 km en Andorre, via un très, très, gros bloc d’entrainement et ensuite, mes deux courses de cœur : l’Euskal avec le nouveau format en 65 km et le Grand Tour de la Vallée d’Ossau. Mais pour des raisons de repos et d’enchainement de courses, je risque de ne pouvoir le courir qu’en duo.
Pour ton début de saison quelle sera ta première compétition ?
Ma première course est programmée au mois de mars au Pays Basque à Saint Pée Sur Nivelle. C’est le Gotorlekuen Itzulia, un 42 km avec 2800 M de D+. C’est d’une difficulté que je pense pouvoir maîtriser, normalement. Mais tout dépend de l’intensité que j’y mets. Si j’y vais comme aux Templiers la saison passée, un peu en dilettante, je suis sûr d’arriver au bout. Maintenant, si je suis dans l’optique de m’arracher et si je pars avec un rythme un peu soutenu, au-delà de mon allure de confort, alors dans la course tout pourra arriver…
Ensuite, quel sera le second rendez-vous ?
En mai, ce sera toujours au Pays Basque, le 65km de l’Euskal, en Duo. J’y vais avec un copain, c’est un peu notre rendez-vous, c’est notre aventure partagée. Sur cette course, nous vivons de très bons moments tous les ans. D’habitude nous étions sur le 2 X 40. Cette année nous courons le 65 km.
Après l’Euskal, ce sera un gros morceau, fin juin : le 100 km en Andorre. C’est une course très exigeante avec 6800 m de dénivelé. Ce sera mon record personnel de tous les temps ! L’Andorre, constituera un test très important pour me régler pour la Diagonale, pour me construire des repères. J’ai quand même la partie alimentation à bien caler mais aussi tout ce qui concerne les ravitaillements et l’assistance. Autre paramètre important à maîtriser : pour la saison à venir : les courses vont se dérouler sans bâton.
Tu penses que cela va beaucoup changer la donne en ce qui te concerne ?
Oui ! Par rapport à la morphologie d’un traileur ordinaire, je suis un peu trapu, donc l’utilisation des bras est importante pour moi. Quand j’ai les cuisses un peu fatiguées, que ce soit dans les montées comme dans les descentes, ce sont les bras qui font la différence … Donc cette année, pas de triche ! J’ai fait le choix de ne pas prendre de bâton tout au long de la saison y compris pour les entrainements.
Pour ta préparation, le 100 km en Andorre serait donc la course qui se rapprocherait le plus des exigences de la Diagonale ?
Les rapports distance / dénivelé sont identiques. Ce sera donc riche en informations pour la suite de ma préparation.
Après l’Andorre ?
Repos tout le mois de juillet. Normalement … Je me suis rajouté le GTVO, mais en duo, et cool. Je ne ferai que la première partie, celle qui permet d’être contre la vallée d’Aspe ! C’est un peu comme quand tu as le vertige, tu gardes toujours la main sur la barre, et bien moi, je garde le côté crête vers la vallée d’Aspe ! Si mon copain s’inscrit sur le 75 km, selon son niveau d’entrainement, je lui ferai les ravitaillements ou je l’accompagnerai sur une partie de la boucle sans dossard.
Quand tu dis repos tout le mois de juillet, ce n’est pas un mois allongé sur la plage ?
Non. Je vais avoir un peu de vélo tranquille et certainement, pas du tout de course à pied. Eventuellement, si de la course à pied est programmée, ce ne seront que deux petites sorties d’une heure. Je ne sais pas ce que va me proposer Jérôme, mais l’idée, après un 100 bornes, c’est vraiment de reposer le corps, et aussi le système nerveux. Eviter d’être tout le temps à fond pour refaire du jus. Ce sera donc du vélo avec des moyennes très basses. J’irai peut-être à vélo au boulot tous les jours.
Au mois d’août, je ferai un très gros bloc d’entrainement, pour préparer la Diagonale. Je cherche une course pour début septembre. Je vais faire des grosses sorties de nuit, du fractionné avec des exercices assez trapus !
Tu as parlé de la question des bâtons, mais il faut aussi aborder la problématique de la gestion de la course de nuit.
Je pense que courir la nuit, ça va … J’ai déjà fait, même sur des chemins un peu tordus. A Madère par exemple, je suis arrivé de nuit. Sur la fin du MIUT (Madeira Island Ultra Trail), tu as des levadas, des canaux d’irrigation, c’est assez roulant, mais avant ces canaux, tu as des passages un peu techniques, j’ai assez bien géré. Ce qui va être plus compliqué, c’est quand tu commences à être fatigué, tu as tes perceptions qui changent énormément. Et là, cela peut devenir très difficile. C’est une inconnue, comment je vais m’acclimater au manque de sommeil et à la fatigue pendant la course.
Dans le mois précédent la Diagonale, est ce que tu prévois une autre course ?
Je ne sais pas du tout. Ce sera la surprise. Non, Jérôme va voir selon mon état, mon entraînement. Je pense que Nicolas Boyer sera aussi dans la boucle. Mais je leur fais confiance, ils ont l’habitude de nous concocter des entraînements sur lesquels on ne s’ennuie pas ! Des entrainements en triangle, par exemple : sur la montée du Trône du Roi, pendant une minute tu marches doucement, 30 secondes tu cours doucement. Une minute trente tu marches vite et pendant 30 secondes tu cours le plus vite possible … Quand tu tombes sur le « tu cours le plus vite possible » dans les derniers mètres de la montée de ce sommet bien relevé … Tu as les larmes aux yeux ! et tu comprends ce qu’est la relativité de la vitesse …
Tu as donc bouclé ton programme sur la saison avec des aménagements possibles bien évidemment ?
C’est calé et la saison s’articule autour de 3 courses majeures : le 42 km à Saint Pée sur Nivelle, le 65 de l’Euskal, le 100 en Andorre et la Diagonale.
C’est une progression basée sur la distance de tes ultras ?
C’est ça. La saison dernière, j’ai couru 3 ultras de 80 bornes, un de 60, et un deux fois quarante. C’était la saison pendant laquelle j’ai enchainé le plus de grosses distances. Les saisons précédentes, je faisais un GTVO, 75 kilomètres, et ensuite, pour les autres courses c’étaient des 40.
Comme toi, les coureurs du groupe « Solidaires by Esprit Sports », sont coachés par Nicolas (Boyer) et Jérôme. Comment s’articulent les interventions de ces deux entraineurs ?
Nicolas est l’entraineur le plus chevronné du groupe. Il cherche beaucoup, il lit, il actualise ses connaissances. Il échange avec les autres coaches comme Jérôme qui lui, nous suit directement, que ce soit Céline (Bérecochea), Benjamin (Séguélas), Laurent (Castagné) et moi. Nicolas entraîne en direct des athlètes de haut niveau, comme Max Cazajous, Nicolas (Craveiro) et Jérôme. Cette organisation est pratique et pertinente pour tout le monde, parce que nous avons des relations privilégiées avec notre entraîneur qui ne s’occupe que d’un nombre limité de coureurs. Ainsi, nos relations sont très étroites. En plus des échanges très réguliers concernant les plannings d’entrainement, nous n’hésitons pas à nous appeler dès qu’une question, particulière se pose. L’autre jour, j’ai eu un problème de rythme cardiaque, il ne baissait pas. J’ai appelé Jérôme. Il a pensé à un problème technique de montre. Mais nous avons retesté pour vérifier que ce ne soit pas autre chose.
L’objectif premier de nos échanges, c’est la préservation de la santé des coureurs, la prévention des blessures et des fatigues chroniques. Ce n’est pas ce que j’ai connu dans un autre sport, le rugby, pour ne pas le citer, dans des temps un peu lointains maintenant, où l’objectif était de terminer le match … même si tu avais la cafetière un peu de travers !
Pour en savoir plus sur les courses évoquées par Olivier :
– Le Gotorlekuen Itzulia à Saint-Pée-sur-Nivelle : https://www.spuclasterka.fr/senpereko-trail/
– Le 100 km by UTMB Andorra: https://andorra.utmb.world/fr
– L’Euskal Trail: http://www.euskalraid.com/
– Le Grand Tour de la Vallée d’Ossau : https://www.gtvo.fr/
– La Diagonale des Fous : https://www.grandraid-reunion.com/