Pour les deux larrons de Solidaires by Esprit Sports » Laurent (Castagne) et Olivier (Couilhen), ce rendez-vous en Andorre au début de l’été constituait un gros test pour leur préparation à la Diagonale des Fous.
Au départ du village d’Ordino, ce 107 kilomètres labellisé UTMB, constitue avec ses 6700 mètres de dénivelé positif un morceau de choix pour les trailers amateurs de haute montagne.
Nos deux coureurs ont accepté de nous raconter leur vécu dans cette course qui les a laissés un peu frustrés, n’ayant pu franchir la ligne d’arrivée.
Olivier et Laurent, ce Trail 100 Andorra était une étape importante dans votre préparation, comment l’avez-vous vécue ?
Olivier : L’Andorre, ce n’est pas qu’un mauvais souvenir. C’est tout de même une très belle course. Sur la partie que nous avons courue avec Laurent, le parcours est vraiment superbe. Tu accèdes à la haute montagne avec sur la fin de la première montée une partie très minérale. Tu as de la caillasse, des gros blocs.
Dès le début de la course, tu prends presque 2000 m de dénivelé sur 16 bornes, là, le tempo est donné !
Laurent : L’Andorre … très très compliqué ! Un parcours difficile, avec des montées très longues et bien raides, beaucoup de cailloux.
Qu’est ce qui vous est arrivé sur cette course ? Qu’est ce qui vous a amenés à finalement vous arrêter ?
L : Pour moi, c’est clair, la chaleur qui régnait en Andorre en montagne a été le facteur le plus important pour expliquer notre défaillance. Nous n’étions pas habitués à courir par de telles températures. Nous avons été surpris. Je crois que nos corps n’ont pas eu la capacité de s’adapter. Evidemment la première grosse difficulté sur le parcours, avec cette énorme prise de dénivelé qu’évoque Olivier dans les 20 premiers kilomètres, ne nous a pas aidés non plus !
O : Après avoir lu des témoignages de coureurs qui en avaient bien bavé, ici en Andorre et avoir étudié le parcours, j’avais bien sûr repéré cette première montée très difficile. Je suis parti sur un rythme tranquille. Mais ça tape quand même !
La chaleur nous est très rapidement tombée dessus. J’ai eu un problème de déshydratation, aux alentours du 45ième km. Alors, j’ai bu de l’eau, mais pas de boisson isotonique. En fait, depuis Madère, je ne supporte plus le goût de ce type de boissons. Cela m’écœure. Sur l’Ultra de Madère, j’ai commis une erreur de débutant ! J’ai utilisé pendant la course une boisson que je ne connaissais pas … Le premier trailer venu sait qu’il ne faut jamais tester quoi que ce soit le jour de la compétition, c’est beaucoup trop risqué ! Habituellement, je buvais des boissons isotoniques, des cachets au goût orange que tu coupes en deux que tu mets dans des flasques. Sur la course, j’étais vraiment très bien et à un moment, sur le ravitaillement avant d’attaquer une grosse montée vers le point le plus élevé du parcours, j’ai chargé mes flasques d’une boisson fantastique que j’ai découverte ce jour-là !… Elle avait le goût de l’Ogeu citron de mon enfance … C’était frais et pétillant ! J’ai tout chargé et, allez, au bout de trois quarts d’heure, j’avais des crampes d’estomac hallucinantes ! Je me forçais à boire et la douleur revenait, me tordait le ventre… Depuis, c’est comme si mon corps avait gardé une mémoire physique de cette douleur !
Et quand tu as la tête qui chauffe, parce que sur les montagnes andorranes, ce jour-là, il faisait très chaud, que tu bois de l’eau qui a bien chauffé et que tu as à côté de toi un ruisseau avec de l’eau bien fraîche … Tu as du mal à supporter !
Dans ces conditions, avec ma stratégie de n’amener que trois flasques d’eau, deux à l’avant une à l’arrière de mon sac, il est arrivé un moment où je n’ai pas eu assez d’eau.
L : Si on évoque l’hydratation, il faut aussi parler des ravitaillements mis en place par l’organisation. L’eau qui nous était proposée pour remplir nos flasques était tiède … Nous avons été très déçus par ces ravitos . Alors que nous rêvions de nous refaire un peu la cerise sur la base de vie à Andorre la Vieille, nous avons eu droit à des nouilles en plastique, comme tu n’en trouves jamais sur ce type de course ! Rien de très appétissant !
O : Un des points négatifs de cette organisation, Laurent a raison, ce sont les ravitaillements qui ne sont pas au niveau d’une telle course. Sur les côtés positifs, tu as tous les aspects de logistique, la remise des dossards et puis l’accueil des gens sur place, l’ambiance. Là, ce sont des super souvenirs !
A quel moment décidez-vous de laisser tomber ?
O : Après mon souci avec la boisson, je n’avançais plus, je n’avais plus de gaz. Je tournais au ralenti.
L : Quand nous nous sommes retrouvés avec Olivier, sur la base de vie, nous n’étions pas bien. Nous n’étions pas très frais ! La nuit allait arriver et nous n’avancions pas. Nous ne nous sentions pas de passer la nuit dehors dans ces conditions. Nous n’avions pas d’énergie pour affronter cette difficulté… Nous pensions nous requinquer sur la base de vie, mais cela n’a pas été le cas. Nous nous sommes mis en mode : il vaut mieux s’arrêter. Inutile d’aller se blesser et de compromettre la suite de notre préparation et de notre saison en vue de la Diagonale.
Le moral n’était pas au top et nous n’avons pas eu le déclic pour nous dire, allez, on s’accroche, quitte à marcher, on arrive au bout, on le finit. L’Andorre était un passage dans notre préparation, pas l’objectif final. Je pense que si nous connaissions un tel passage sur la Diag, nous nous accrocherions pour terminer. Mais c’est sûr que pour le coup, nous ne nous sommes pas tirés l’un l’autre !
Pourtant, je crois que nous n’étions pas mal physiquement. C’est vraiment la chaleur qui nous a mis à mal. Je ne sais pas si nous n’avons pas également subi les effets de l’altitude : nous sommes passés à 3000 mètres, nous sommes restés pas mal au-dessus de 2000 – 2500 mètres, ce ne sont pas des altitudes anodines.
Cet ultra est très typé montagne …
O : Malgré cette frustration de pas être arrivés au bout, les paysages parcourus restent tout de même de très bons souvenirs. Si je ne me dégoute pas de la course à pied sur la Diagonale, je pense que je reviendrai en Andorre ! D’ailleurs les places sont ouvertes pour les inscriptions, mais je vais attendre de voir comment se passe la Diag pour prendre un dossard. C’est une belle manifestation qui attire du monde.
L : Oui, cet ultra est très typé haute montagne. Tu accèdes à des jolis sommets, en altitude, tu as de belles vues. C’est minéral. C’est vrai que ce sont de beaux paysages. Céline (Berecochea) et Benji (Séguelas) sont passés sur ce secteur pour un bloc d’entraînement, ils ont trouvé magnifique. Ils nous ont aussi rapporté que selon eux, la principale difficulté du parcours était positionnée dès le début de la course, c’est-à-dire la partie qui nous a mis à mal. D’après eux, ensuite, le parcours devenait non pas facile, mais beaucoup plus accessible…. Mais ça, avant de l’avoir fait, tu ne le sais pas …
Olivier fait appel à sa fierté quand il dit qu’il aimerait peut-être revenir sur cet ultra en Andorre … Pour moi … c’est non !
Après l’Andorre ; comment avez-vous récupéré ?
O : Depuis, cet ultra, je me suis rapproché d’une diététicienne, Anne qui va nous proposer une conférence sous l’égide de notre projet, et j’ai aussi modifié tout le versant hydratation. J’utilise des pastilles de sel que je prends à des fréquences variées selon la transpiration. Je mets aussi un peu de menthe dans l’eau. C’est ce que fait Jérôme (Mirassou) par exemple et je sens que je suis mieux. Je teste ça depuis le mois de juillet pendant mes entraînements.
Physiquement, je me sens mieux. Je n’ai plus ces gros coups de fatigue. Evidemment, au bout de 6 ou 8 Heures d’effort, tu subis un coup de fatigue. Bien sûr, je ressens un peu cette sensation, mais je ne prends plus le poteau de plein fouet !
L : La preuve que notre défaillance n’était pas due à un défaut de notre préparation, je reste persuadé que nos entraînements sont de qualité, c’est que deux jours après la course, nous étions en capacité de reprendre l’entraînement, et ce, malgré le coup de bambou que nous avons subi pendant la course.