Céline Bérécochea : De la course d’obstacle à la Diagonale des Fous …

Céline, après nous avoir donné votre programme des courses avec ton compagnon Benjamin, pour cette saison que vous finaliserez dans le cadre du projet « Go, Fight, Win » à la « Diagonale des Fous », peux-tu nous raconter ton « histoire » dans le sport ?

Céline : Alors pour moi, le premier sport c’est l’équitation.

Mais c’était le cheval qui courait !…

Bon, je courais aussi deux ou trois fois par semaine pour me maintenir en forme. Je faisais beaucoup d’équitation, beaucoup de concours. Parallèlement à ça, je faisais de la montagne, quand j’en avais le temps, parce que le cheval, c’était 5 jours sur 7. Les compétitions étaient aussi très prenantes : je partais parfois en concours dès le jeudi soir ou le vendredi soir et je rentrais le dimanche soir. C’était à fond !

La montagne me manquait beaucoup. La montagne c’était le Pays Basque. Mon grand-père est de Sare, donc la Rhune est une montagne qui m’est familière ! En 2013, je suis arrivée ici sur le bassin de Lacq, à Monein, pour des raisons professionnelles. Je suis responsable logistique d’une entreprise. J’ai continué un peu le cheval, mais je me sentais lasse de tout ce temps consacré à l’équitation. En 2015, je n’avais plus trop envie, le soir, d’aller m’occuper des chevaux ou d’aller monter. La montagne me faisait très envie. J’ai stoppé toute activité en équitation, je me suis mise à courir un peu plus et à faire quelques spots en montagne, sur la Rhune entre autres.

En 2018, j’ai couru l’« Iluna » sur l’ « Euskal Trail », avec ma copine Aurélie avec laquelle je courais beaucoup et j’allais très souvent en montagne. Ensuite, je me suis inscrite sur le « Grand Tour de la Vallée d’Ossau », je l’ai couru en relais. J’ai trouvé ça super ! A partir de là, j’ai enchaîné sur le trail ; je me suis entraînée régulièrement et j’ai commencé à être suivie par Jérôme Mirassou en 2019. Ensuite, il y a eu le COVID. Nous nous sommes rencontrés avec Benjamin (Séguélas). Nous sommes allés courir souvent en montagne. Le but était d’allonger progressivement les distances en course. Pour le coup, j’ai eu une montée en puissance beaucoup plus régulière et maîtrisée que ce qu’a vécu Benjamin. Pendant la période COVID, nous avons aussi fait beaucoup de vélo, nous avons couru le « Grand Tour de la Vallée d’Ossau » en off, donc le 75 km.

Depuis, la sortie de la crise COVID, tu t’es engagée régulièrement sur des courses ?

Finalement, je n’ai pas couru énormément de courses. J’ai couru le 2 fois quarante km de l’« Euskal », l’ « UT4M » (l’Ultra Tour des 4 Massifs), soit 160 km en 4 jours, le 100 km des « Templiers ».

Entre temps, je me suis blessée aux ligaments croisés. C’était en mars 2021, je me suis faite opérer en mars. Ensuite, pour revenir, j’ai fait beaucoup de vélo. J’ai fait ma rééducation sur Monein, trois fois par semaine, j’y restais deux heures. Je n’ai pas voulu aller au Centre de Rééducation à Capbreton, ce que je faisais ici était largement suffisant. Et la pratique du vélo, m’a beaucoup aidée. C’est à ce moment-là que nous avons fait par exemple le Tour du Mont Blanc. C’est vraiment très bien revenu. Jérôme me proposait beaucoup d’exercices à vélo, des exercices ciblés. C’est comme pour la course à pied, en fait, pour travailler la puissance, la vitesse, mais aussi la récupération. Trois mois après l’opération, nous retournions en montagne.

Donc, j’y suis allée progressivement et mon premier 100 km a été les Templiers. Tout s’est très bien passé. C’est là que l’idée de courir la Diagonale est née.

Le fait de bien passer les « Templiers » est un bon indicateur par rapport à l’accessibilité d’un ultra comme la Diagonale ?

Les « Templiers » sont roulants. Il n’y a que deux descentes un peu techniques, mais c’est un profil plus coureur que montagnard. Il y a des endroits où je cours vraiment très lentement, mais ce n’est pas le même profil qu’un Ultra en montagne comme la Diagonale. Et donc c’était octobre, la fin de saison et nous avons commencé à nous projeter sur la saison à venir et à envisager quelles courses nous aimerions courir. Et là … le projet que proposait Olivier nous a embarqués !

Tu parles de progressivité au niveau des distances en course, mais cette progression est étalée sur un temps relativement court …

C’est vrai ! Cela ne représente que deux années de pratique un peu soutenue. Mais je n’ai pas commencé par un Iron man ou la « Diagonale » comme Benji ! Au niveau des entraînements, tout est très calé, calibré. Quand Jérôme propose de lever le pied, cela correspond vraiment à des moments où nous commençons à nous sentir fatigués, à tirer un peu la langue. Pour le coup, cela se passe bien.

Quand tu parles de coupure, tu ne fais rien, ou tu fais moins … ?

Les deux peuvent se passer. En ce qui me concerne, entre les deux saisons, j’ai coupé pendant 3 semaines, je n’ai vraiment rien fait. Bon, c’est vrai, j’ai été malade entre temps. Parfois sur la coupure, la reprise à vélo est assez rapide. Mais pendant la saison, je positionne une vraie coupure. Honnêtement, j’en ai besoin. J’apprécie cette coupure ! Parfois on se dit, il fait beau, on aurait pu aller là, faire ça, mais non, on ne fait rien ! On en profite pour faire des choses que l’on n’a pas le temps de faire quand nous allons beaucoup, en montagne : bricoler à la maison, s’occuper du jardin … Et c’est très bien comme ça !

Mais la montagne est vraiment un plaisir partagé avec Benji. Ce sont de gros week-ends, avec de belles sorties. C’est un fonctionnement qui nous va très bien. C’est pendant la période COVID que nous avons fonctionné ainsi, parce qu’il n’y avait pas de course. Nous avons énormément apprécié la montagne sans dossard.

Dans la semaine, on se pose, on prend un guide, la carte, on construit le parcours, on programme la sortie C’est passionnant. Parfois, ces sorties sur plusieurs jours sont effectuées en vélo. Quand c’est le cas, j’essaie d’intégrer des exercices spécifiques proposés par Jérôme. En fait notre entrainement est intégré dans le plaisir de la découverte de différents sites en montagne.

Tout cela donne quand même une pratique sportive de bon niveau, avec des exigences. En termes d’hygiène de vie, d’habitudes alimentaires, vous êtes attentifs à ces paramètres ?

Il y a plusieurs choses. Tout d’abord, on a essayé de réduire le gluten, parce que Benji a un souci de santé. Nous avons donc réduit le gluten, mais aussi le fromage, tout ce qui est produit laitier. Nous nous l’autorisons un peu le week-end, mais on essaie de faire attention. Nous ne sommes pas non plus tout le temps à trier, peser les aliments ! Nous ne mangeons pas n’importe quoi : par exemple, le matin, pas de sucre. Ce n’est plus une contrainte, mais c’est intégré dans des habitudes de vie, dans des routines. Nous n’achetons pas de plats préparés, nous cuisinons tout. L’été nous avons les légumes du jardin. Mais par exemple, s’il y a du chocolat, on va manger du chocolat !

Le fait d’être ensemble, nous permet d’intégrer ces habitudes, les entrainements, les courses dans notre vie de tous les jours. La course, le sport, la préparation, c’est un loisir partagé. C’est vraiment, le week-end prochain on part où ? On regarde la météo !

Est-ce que tes séances d’entraînement sont faciles à caler dans ta semaine en fonction de des impératifs professionnels ?

Mes horaires de travail ne sont pas toujours très réguliers. Je suis aussi tenue à des astreintes. Pour organiser mes séances, Jérôme prend en compte mes possibilités dans la journée pour mettre en place mon planning d’entraînement. Parfois, par exemple, nous profitons d’une heure disponible entre midi et deux. L’année dernière, je posais des après-midis de repos, cela permettait d’aller rouler plus facilement que le soir, surtout quand les journées sont courtes. Hier soir par exemple, j’ai pris mon vélo avec la frontale et je suis sortie sous la pluie.

Il faut être vraiment motivée en cette saison !

Oui ! Il faut sans cesse s’adapter aux horaires, optimiser au maximum les possibilités. Nous posons aussi les congés en fonction des échéances d’entrainement. C’est le cas quand il faut faire du volume. Les gros blocs, tu ne peux pas les positionner sur ces moments relativement courts dans ta journée normale. Nous posons des jours de congés pour ces temps de préparation. Mais ce n’est pas une contrainte, nous prenons du plaisir sur ces temps de grosses sorties le plus souvent réalisées en montagne.

Tout est question d’organisation : je prends mes astreintes de week-end la semaine avant une grosse compétition ou la semaine suivante : je suis sûre que je n’aurai pas un gros bloc d’entraînement à positionner !

Un autre paramètre que je prends en compte dans ma planification, c’est le fait de participer à une compétition avec d’autres copains. Nous allons courir cette année au Val d’Aran, nous allons être les 3 avec Nico (Craveiro), ça va être sympa, ce sera le 7 juillet. Et Olivier va courir en Andorre fin juin. J’aurais aimé aller le voir en Andorre, mais je suis d’astreinte ce week-end-là.

Pour en savoir plus sur les courses dont parle Céline :

L’Euskal Trail : http://www.euskalraid.com/

Les Templiers : https://www.festivaldestempliers.com/

L’UT4M : https://ut4m.fr/fr

Le Grand Tour de la Vallée d’Ossau : https://www.gtvo.fr/

Le Andorra 100 : https://andorra.utmb.world/fr

Val d’Aran Ultra : https://valdaran.utmb.world/fr